JEAN-YVES HARDY, ACHETEUR HUTTEPAIN ALIMENTS (GROUPE LDC AMONT) " Je défends le recours aux courtiers "

Le recours aux outils d'arbitrage tel Euronext est désormais incontournable pour faire notre métier d'acheteur. Mais avant d'arbitrer, il faut avoir pris une décision. Pour cela, même si le nombre de vendeurs et d'acheteurs se réduit et que les négociations en direct ont tendance à progresser, je défends résolument le recours aux courtiers. Mes confrères acheteurs de LDC amont conservent aussi cette pratique.

Chaque usine dispose de son propre acheteur, afin de privilégier l'autonomie, et surtout de réduire les risques que la massification des achats entre les mains d'un seul décideur peut faire courir. Le meilleur acheteur n'est pas celui qui achète les plus gros volumes, c'est celui qui achète au bon moment. Tout le monde a accès chaque jour aux cours de toutes les matières premières. C'est en fixant la date de réalisation de ses contrats et de sa prime que l'on retrouve son métier d'acheteur. Ne perdons pas de vue que notre vrai métier, c'est d'approvisionner l'usine. Et nous ne reviendrons plus aux méthodes d'achats d'avant la financiarisation. L'amplitude de la volatilité des prix augmente, c'est face à elle qu'il faut nous prémunir. Le bon sens reste LA valeur sûre.

" Nous ne sommes pas là pour faire un bon coup, mais pour être encore là l'an prochain ", comme le disait déjà René Huttepain , le fondateur de l'entreprise. Les courtiers permettent de diffuser les informations et surtout, de les canaliser tout en conservant la règle de confidentialité. Ils restent pour moi l'un des trois piliers fondamentaux de l'information, le second étant l'information qui nous arrive par internet (newsletters...) et bien sûr, les informations en provenance directe de nos fournisseurs. Je placerais la presse papier en troisième position. Même si l'instantanéité de l'information via le net a fait perdre de l'intérêt aux cotations, leurs analyses restent précieuses. Quand je parle de courtiers, je parle de courtiers choisis parce qu'ils m'apportent une véritable valeur ajoutée en rapprochant l'offre et la demande. Ils n'ont pas tous le même mode de fonctionnement, ni les mêmes objectifs. Je travaille avec quatre ou cinq courtiers par grandes matières premières.